En 2023, l’endettement mondial a atteint un niveau inédit, révélant des pressions économiques croissantes, en particulier sur les pays africains. Selon un rapport des Nations Unies, le poids de la dette publique – intégrant les emprunts internes et externes des gouvernements – a dépassé les 97 000 milliards de dollars, marquant une hausse significative de 5 600 milliards par rapport à l’année précédente.
Dans ce contexte, les économies africaines se retrouvent au centre d’une dynamique inquiétante. Entre 2013 et 2023, le nombre de pays du continent affichant un ratio dette/PIB supérieur à 60 % est passé de 6 à 27. Cette évolution met en lumière les répercussions de multiples crises successives : pandémie, flambée des prix des matières premières et instabilité financière internationale.
Les gouvernements africains, confrontés à des obligations croissantes, peinent à équilibrer leurs budgets. En 2023, près de la moitié des pays en développement – dont beaucoup en Afrique – ont consacré plus de 10 % de leurs recettes publiques uniquement au paiement des intérêts de leurs dettes. Cette situation, décrite comme critique par plusieurs analystes, limite gravement les capacités d’investissement dans des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé ou encore l’amélioration des infrastructures.
Ce phénomène s’explique aussi par des conditions d’emprunt défavorables. Les pays africains se financent sur les marchés internationaux à des taux souvent exorbitants : entre deux et quatre fois supérieurs à ceux des États-Unis et jusqu’à douze fois plus élevés que ceux de l’Allemagne. Ce déséquilibre accentue les écarts économiques mondiaux et freine les perspectives de croissance des nations les plus vulnérables.
Face à cette réalité, des initiatives émergent pour alléger le fardeau de la dette, notamment via des appels à la restructuration ou à l’annulation partielle de certaines obligations financières. Cependant, les solutions tardent à se concrétiser, laissant les pays africains dans une position délicate, oscillant entre la nécessité de maintenir leurs engagements financiers et celle de répondre aux besoins pressants de leurs populations.
Le rapport des Nations Unies rappelle que l’accumulation de la dette n’est pas seulement une affaire de chiffres. Elle incarne également les inégalités persistantes d’un système économique mondial qui, sans réforme, continuera de peser de manière disproportionnée sur les économies émergentes.
— M. KOSI