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Vers 65 % d’inclusion financière d’ici 2028 : le défi des banques congolaises

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En République démocratique du Congo (RDC), le secteur bancaire navigue entre opportunités de croissance et obstacles structurels. Alors que l’économie du pays reste marquée par une forte dollarisation, les banques commerciales démontrent une capacité d’adaptation qui interpelle. Les données récentes révèlent une augmentation des crédits à l’économie de 29 % et une hausse du produit net bancaire de 24 % en 2023. Ces chiffres, bien que prometteurs, soulignent aussi la nécessité d’une transformation profonde pour répondre aux besoins d’une population en grande partie non bancarisée.

Le faible taux de bancarisation, limité à 8 %, illustre un défi persistant. Toutefois, les outils numériques comme le mobile money et l’agency banking émergent comme des solutions concrètes pour démocratiser l’accès aux services financiers. Ces initiatives, portées par une volonté politique d’améliorer l’inclusion financière, visent un objectif ambitieux : atteindre 65 % de la population avec des services bancaires d’ici 2028. Cette ambition s’accompagne d’une interrogation importante sur la capacité des institutions financières à innover tout en restant accessibles.

Parmi les acteurs dominants du marché, les banques panafricaines occupent une place prépondérante, détenant plus de la moitié des actifs totaux du secteur. Leur rôle dans la mobilisation des dépôts et le financement de projets économiques est indéniable. Pourtant, leur approche prudente face au risque limite leur impact dans certains domaines essentiels, notamment le soutien aux petites entreprises et aux projets à fort potentiel social. Un équilibre reste à trouver pour conjuguer expansion et prise de risque mesurée.

La digitalisation redéfinit également les contours du secteur. L’essor des technologies financières transforme les pratiques bancaires et offre des solutions aux défis d’infrastructure. Les néo-banques, en particulier, suscitent un intérêt croissant en proposant des services adaptés aux réalités locales. Cependant, ce virage technologique exige des investissements conséquents et une formation accrue pour que l’ensemble des acteurs puisse en bénéficier pleinement.

À l’horizon, de nombreux défis attendent les banques commerciales. L’exigence d’un capital minimum de 50 millions de dollars imposée par la Banque centrale de la RDC d’ici 2025 contraint les institutions à renforcer leurs assises financières. Parallèlement, elles devront diversifier leurs offres pour séduire une clientèle de plus en plus exigeante et soucieuse de la qualité des services. Une réorganisation du secteur, marquée par des fusions et acquisitions, semble également inévitable pour garantir la compétitivité à long terme.

Enfin, une attention particulière sera portée aux questions de durabilité et de responsabilité sociale. Les banques sont appelées à jouer un rôle actif dans les initiatives environnementales et sociales, non seulement pour répondre aux attentes des régulateurs, mais aussi pour capter une clientèle jeune et sensibilisée à ces enjeux. L’avenir du secteur bancaire en RDC repose donc sur sa capacité à conjuguer innovation, adaptation et responsabilité.

Peter MOYI

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