Sans grande publicité, le Groupe de coordination arabe (ACG) a injecté 19,6 milliards de dollars en 2024 pour appuyer le développement dans plus de 90 pays. Au cœur de cette enveloppe : des investissements ciblés sur l’énergie, l’agriculture et la finance. Une stratégie pensée pour répondre à des urgences concrètes comme la sécurité alimentaire, le changement climatique et l’accès au commerce international.
Le groupe, qui fédère plusieurs institutions financières arabes, a financé près de 650 projets dans le monde, avec une répartition sectorielle révélatrice : 29 % pour l’énergie, 20 % pour l’agriculture et 16 % pour les services financiers. Mais le soutien au commerce mondial a absorbé à lui seul 45 % des fonds, preuve de l’importance accordée à la fluidité des échanges et à l’accompagnement des PME.
L’Afrique reste un axe prioritaire. Environ un cinquième des financements de l’ACG en 2024 a été orienté vers le continent, en ligne avec la promesse faite en novembre 2023 d’y mobiliser 50 milliards de dollars. Ce ciblage vise à soutenir des domaines stratégiques : transition énergétique, résilience alimentaire, intégration économique afro-arabe et inclusion des jeunes et des femmes dans le développement.
Réunis ce 16 juin 2025 à Vienne, à l’occasion de leur 20ᵉ réunion annuelle organisée par le Fonds de l’OPEP pour le développement international, les membres du groupe ont renforcé leur posture en amont de la Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) prévue en Espagne. L’idée : s’accorder sur les priorités à défendre collectivement dans un contexte mondial sous tension.
Le 50e anniversaire du groupe, prévu pour octobre 2025, sera l’occasion de revenir sur cinq décennies d’interventions et d’évaluer le chemin parcouru. Pour le monde arabe, ce demi-siècle de coopération Sud-Sud a permis non seulement de créer des alliances mais aussi d’imposer une alternative crédible aux institutions financières dominées par l’Occident.
Dans un contexte où les flux financiers mondiaux se resserrent, le poids croissant de l’ACG dans l’architecture du financement du développement n’est plus une note de bas de page. Il s’agit désormais d’un acteur structurant, capable d’orienter des décisions globales et d’accélérer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), à sa manière : en s’appuyant sur la coopération, la réactivité et une lecture pragmatique des urgences économiques.
— Peter MOYI pour Lepoint.cd