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La chine renforce son contrôle sur les technologies des batteries et du lithium

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La Chine a lancé un processus de consultation publique qui pourrait bouleverser l’industrie mondiale des batteries. À travers un document intitulé « Avis sur les ajustements de la consultation publique pour le catalogue des technologies interdites ou restreintes à l’exportation depuis la Chine », le ministère du Commerce propose d’encadrer davantage l’exportation de certaines technologies stratégiques, notamment celles liées aux batteries et au lithium. Si ces propositions sont adoptées, elles pourraient avoir des conséquences significatives sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, où la Chine joue un rôle central.

Cette initiative intervient dans un contexte de compétition technologique croissante. En contrôlant l’accès à des innovations essentielles, la Chine entend consolider sa position dominante dans les secteurs des énergies renouvelables et de la mobilité électrique. L’industrie des batteries, cruciale pour alimenter les véhicules électriques et répondre aux objectifs climatiques globaux, repose en grande partie sur des matériaux et des procédés techniques maîtrisés par Pékin.

Parmi les technologies visées, celles liées à la fabrication des matériaux de cathodes pour batteries se distinguent. Les batteries au phosphate de fer et de lithium, connues pour leur durabilité et leur coût réduit, font partie des produits stratégiques que Pékin envisage de protéger. Ces matériaux, dont la densité et l’efficacité sont minutieusement définies, permettent d’assurer des performances élevées dans des conditions de charge rapide et de décharge prolongée.

Outre les matériaux de cathodes, la Chine envisage aussi de restreindre l’accès aux technologies d’extraction et de traitement du lithium. Ce métal, souvent qualifié d’« or blanc » de la transition énergétique, est au cœur des batteries modernes. Les techniques sophistiquées permettant d’extraire le lithium à partir de minerais comme le spodumène ou directement des saumures salines sont particulièrement concernées par ces nouvelles restrictions. En encadrant leur exportation, Pékin cherche à limiter la dissémination de son savoir-faire tout en sécurisant les approvisionnements pour ses propres industriels.

Cette stratégie ne s’arrête pas aux seules technologies. Les autorités chinoises scrutent également les procédés de recyclage et de purification du lithium. Le contrôle des étapes de production, de l’extraction à la transformation, reflète une volonté de maximiser la valeur ajoutée locale et de garder un avantage compétitif sur les marchés internationaux.

Si la date limite pour soumettre des commentaires est fixée au 1er février 2025, l’impact potentiel de cette mesure suscite déjà des réactions à travers le monde. Les acteurs des industries automobile et technologique, fortement dépendants des importations de batteries, pourraient être confrontés à des coûts accrus et à des défis logistiques supplémentaires. Certains observateurs estiment que cette annonce pourrait également encourager d’autres pays à développer leurs propres capacités de production et d’innovation pour réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine.

Cependant, cette mesure, encore en phase de consultation, n’est pas sans risque pour Pékin. En limitant l’accès à ces technologies, la Chine pourrait inciter certains partenaires commerciaux à réagir par des politiques similaires ou à rechercher des alternatives pour diversifier leurs sources d’approvisionnement.

Le débat reste ouvert, mais une chose est claire : la Chine, consciente de sa position centrale dans la révolution énergétique mondiale, n’entend pas céder ses avantages stratégiques. Ce projet marque une nouvelle étape dans la reconfiguration des équilibres technologiques internationaux, où chaque avancée technique devient une arme économique et diplomatique.

— M. KOSI

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