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La RDC engage une coopération stratégique avec les États-Unis autour des ressources minières et de la sécurité

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La République démocratique du Congo et les États-Unis s’apprêtent à formaliser un partenariat plus structuré, à l’occasion de la signature d’un accord de paix avec le Rwanda à Washington, ce 27 juin. Depuis plus d’une décennie, Washington investit massivement en RDC, avec une aide annuelle avoisinant un milliard de dollars, faisant des États-Unis le premier bailleur bilatéral du pays. Entre 2013 et 2023, les fonds américains ont totalisé plus de 6 milliards de dollars, mobilisés dans des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire, l’énergie, les infrastructures et la gouvernance.

Sur le plan sanitaire, les chiffres sont parlants. Les États-Unis ont joué un rôle déterminant dans la gestion de six épidémies d’Ebola, un défi récurrent dans l’Est du pays, tandis que la vaccination contre le paludisme couvre désormais treize provinces. Le programme PEPFAR a permis à plus de 200 000 personnes d’accéder à un traitement antirétroviral, contribuant ainsi à contenir l’épidémie de VIH dans une région où les systèmes de santé restent fragiles.

Le volet éducatif bénéficie également d’un investissement massif : plus de 350 000 enfants scolarisés dans des zones marquées par les conflits reçoivent un appui direct, tandis que 590 000 élèves profitent d’infrastructures rénovées. Ces chiffres traduisent un effort continu pour stabiliser le capital humain dans des environnements difficiles.

Sur le plan économique, les États-Unis visent à repositionner la RDC dans des chaînes de valeur internationales stratégiques, notamment celles du cuivre, du cobalt, de l’or, du café et des batteries pour véhicules électriques. Ces secteurs représentent non seulement une part substantielle des exportations congolaises, mais sont aussi au cœur des enjeux géopolitiques liés à la transition énergétique mondiale. Le Corridor de Lobito, un projet d’infrastructure régional soutenu à hauteur de plus de 4 milliards de dollars, illustre cet appui à la connectivité logistique indispensable pour fluidifier les exportations minières vers l’Atlantique via l’Angola et la Zambie.

La formalisation et la traçabilité des exportations d’or et de cobalt artisanal s’intensifient, renforçant la crédibilité commerciale de la RDC sur les marchés internationaux. L’alliance avec la Fair Cobalt Alliance marque une volonté de structurer un secteur minier plus transparent et socialement responsable.

Les investissements dans le secteur privé congolais s’orientent vers le soutien aux PME dans les filières agricoles, industrielles et numériques, ce qui pourrait contribuer à une diversification encore nécessaire de l’économie nationale, trop dépendante des matières premières. Par ailleurs, la formation de plus de 600 policiers et la construction de 19 postes de police en 2023 témoignent d’un engagement accru dans la sécurisation des zones instables, notamment à l’Est, où la pacification reste un défi.

Les États-Unis mettent aussi l’accent sur la gouvernance environnementale, en capitalisant sur le programme CARPE qui vise la préservation du Bassin du Congo, reconnu comme un puits de carbone vital à l’échelle mondiale. Cette dimension environnementale est stratégique dans un contexte où la RDC détient une part significative des ressources naturelles indispensables à la lutte contre le changement climatique.

Enfin, un nouveau cadre de dialogue politique bilatéral doit être instauré, réunissant régulièrement gouvernement, société civile, jeunes et secteur privé, dans le but d’assurer un suivi transparent et concerté du partenariat. La signature d’un protocole régional sur la sécurité en marge de l’accord de paix devrait également renforcer la stabilité dans la région des Grands Lacs, où la RDC et les États-Unis entendent jouer un rôle diplomatique actif.

Cet accord s’inscrit dans une période de recomposition géopolitique intense, marquée par la compétition pour les ressources stratégiques, la transition énergétique et les crises environnementales. Washington cherche à dépasser la logique d’aide traditionnelle pour instaurer une relation plus équilibrée, fondée sur l’indépendance économique de la RDC et un engagement mutuel dans la durée. Ce rendez-vous du 27 juin pourrait ainsi redéfinir la posture internationale de Kinshasa, dans une région où les équilibres restent fragiles.

— M. KOSI

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