Les recettes publiques de la République démocratique du Congo ont franchi un cap inattendu au premier trimestre 2025. En seulement trois mois, les caisses de l’État ont engrangé 5 723,03 milliards de francs congolais, dépassant de près de 479 milliards les prévisions initiales. Le taux de réalisation frôle les 109 %, témoignant d’un appareil fiscal bien huilé.
La Direction générale des impôts (DGI) et la DGRAD, souvent critiquées pour leur lenteur, ont montré une capacité accrue à mobiliser les ressources. Cette dynamique n’est pas le fruit du hasard. Elle découle d’un recentrage stratégique sur la discipline fiscale et l’élargissement de l’assiette, piloté par le ministre des Finances, Doudou Fwamba. Sa gestion axée sur la rigueur a permis d’accroître les marges budgétaires dans un contexte de fortes tensions internes.
Mais cette embellie est rattrapée par une accélération des décaissements. Les dépenses publiques ont explosé, culminant à 7 360,42 milliards de CDF alors qu’elles étaient projetées à 5 829,17 milliards. Une dérive de plus de 1 531 milliards, tirée en grande partie par les opérations militaires à l’Est, où l’insécurité continue d’alourdir la facture de l’État.
Ce dépassement a engendré un déficit budgétaire révisé à 1 637,38 milliards de CDF, soit environ 584 millions USD, bien au-delà des projections initiales de 208 millions USD. Contrairement aux informations erronées circulant dans certains médias, le trou budgétaire n’est pas de 49 millions USD, comme cela a pu être affirmé à tort. Cette confusion reflète un manque d’accès aux chiffres consolidés par le ministère des Finances.
Plutôt que de recourir à des financements inflationnistes ou à la planche à billets, les autorités ont opté pour une couverture maîtrisée de ce déficit. L’émission encadrée des Bons et Obligations du Trésor a permis de combler le déséquilibre sans compromettre la stabilité macroéconomique. Une marge de trésorerie suffisante a également été mobilisée, fruit d’une gestion prudente du cycle budgétaire.
La trajectoire actuelle, bien que fragile, montre une volonté de maintenir le cap sur les grands équilibres. Les ressources extraordinaires nécessaires à la sécurité nationale ne sont pas incompatibles avec la rigueur budgétaire, à condition que la transparence reste de mise.
En toile de fond, l’objectif reste inchangé : assurer la continuité de l’action publique sans hypothéquer les efforts de redressement économique. Le défi reste entier. Comment contenir l’expansion des dépenses sans ralentir les réponses à l’urgence sécuritaire ?
— M. KOSI






