Dans un tournant remarquable des alliances économiques mondiales, une enquête récente met en lumière la préférence croissante des chefs d’entreprise africains pour l’Union européenne (UE) par rapport à d’autres puissances mondiales telles que la Chine, les États-Unis et la Russie. Selon les résultats publiés le 5 mars 2024 par l’Institut Choiseul, think tank français indépendant, plus de la moitié des dirigeants interrogés (53%) désignent l’UE comme le partenaire commercial étranger de prédilection pour l’avenir, positionnant ainsi l’Europe en tête de leurs aspirations économiques pour 2050.
Cette étude, intitulée « Enquête Afrique 2050 : l’Afrique de demain vue par ses acteurs », s’appuie sur les réponses de 314 dirigeants d’entreprises issus de 34 nations africaines, révélant une tendance claire en faveur de l’Europe. Les résultats démontrent une nette préférence pour l’UE dans le contexte d’un réajustement des priorités économiques et des relations internationales, accentuées par des événements mondiaux récents tels que la pandémie de Covid-19 et le conflit en Ukraine.
Le programme « Global Gateway » de l’UE, envisageant des investissements de 150 milliards d’euros en Afrique, est perçu positivement par 53% des sondés, le considérant comme une initiative prometteuse pour le développement des infrastructures continentales. Ce soutien marque un contraste avec la perception du partenariat avec la Chine, où bien que reconnue comme un partenaire commercial clé, sa présence est jugée « trop présente » par 30% des répondants.
La réduction des prêts chinois aux nations africaines, en raison de la détérioration de leurs capacités de remboursement, souligne un « retour en arrière » pour Pékin, selon Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul. En revanche, 42% des leaders économiques africains voient toujours la présence chinoise comme « nécessaire », malgré une quête de diversification des partenariats économiques.
L’analyse des relations commerciales privilégiées montre une forte inclination pour l’Allemagne et la France, avec 69% et 61% des dirigeants africains exprimant le souhait de renforcer les liens avec ces pays. L’intérêt pour l’Allemagne est particulièrement marqué dans les pays anglophones, où 83% des décideurs la favorisent, mettant en évidence des dynamiques régionales spécifiques dans les préférences commerciales.
Ce paysage en évolution reflète la recherche par l’Afrique de partenariats stratégiques alignés sur ses objectifs de développement durable et de diversification économique. La préférence marquée pour l’UE sur la Chine, les États-Unis et la Russie signale un changement potentiel dans les équilibres géopolitiques et économiques mondiaux, avec des implications profondes pour les stratégies de coopération internationale.
L’Éditorial