La monnaie du Nigeria, premier producteur africain de pétrole, a récemment subi une nouvelle dévaluation, marquant une baisse totale de 40 % depuis celle de juin 2023. Comparativement, le franc CFA et le dirham marocain ont été moins affectés au cours de la même période, leur dévaluation respective n’étant que de moitié. Ces ajustements économiques soulignent les fragilités financières du Nigeria, qui se positionne avec le deuxième plus bas niveau d’espérance de vie au monde, en dépit de sa première place dans la production pétrolière africaine.
Créé en 1973, le naira, qui avait une valeur initiale de 1,52 dollar, a connu une succession de dévaluations, atteignant une valeur actuelle 2 270 fois inférieure à sa création par rapport au dollar américain. La récente dépréciation, survenue entre le 29 janvier et le 16 février, s’ajoute à une série de chutes de 39 % en mi-juin 2023 et de 15 % dans les deux semaines suivant cette période.
le déclin économique du nigeria en chiffres
Au-delà de la question monétaire, le Nigeria fait face à des défis économiques structurels importants. En tant que premier producteur de pétrole en Afrique, le pays demeure fortement dépendant des hydrocarbures, avec plus de 90 % de ses exportations reposant sur ce secteur. Cette absence de diversification expose le Nigeria aux fluctuations des prix du pétrole, accentuant ses difficultés économiques.
Sur la décennie 2014-2023, la croissance économique du Nigeria a atteint en moyenne 2,0 % par an, un chiffre inférieur à la croissance démographique de 2,5 %. Comparativement, des pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana ont enregistré des taux de croissance annuels de 6,6 % et 4,0 % respectivement, soulignant les performances économiques décevantes du Nigeria.
impacts sur le niveau de vie de la population
Le déclin économique se répercute directement sur le niveau de vie de la population. L’inflation, maintenue à 13,0 % en moyenne annuelle sur la décennie 2013-2022, dépasse celle de plusieurs pays de la région, comme la Côte d’Ivoire (1,7 %), le Cameroun (2,2 %), ou encore le Sénégal (1,8 %). En 2023, le taux d’inflation a même dépassé les 25 %, notamment suite au triplement du prix de l’essence après la suppression totale des subventions gouvernementales.
La situation financière précaire du Nigeria est également illustrée par ses réserves de change critiques, bloquant 792 millions de dollars début novembre 2023, soit un tiers du total mondial des fonds retenus, créant des tensions avec des compagnies aériennes étrangères.
conséquences de l’intégration à une zone monétaire ouest-africaine
L’intégration du Nigeria à une zone monétaire ouest-africaine suscite des inquiétudes, compte tenu de ses problèmes structurels. Cette démarche pourrait entraîner des conséquences néfastes sur les économies des pays voisins, les tirant vers le bas en raison du déclin économique constant du Nigeria.
Les pays de l’UEMOA, en avance en matière de discipline budgétaire et de gouvernance, pourraient voir leur croissance diminuer et leur taux d’inflation augmenter. De plus, le déclin économique du Nigeria pourrait entraîner une émigration accrue des Nigérians vers d’autres pays de la région, créant potentiellement un choc migratoire.
En conclusion, la situation économique du Nigeria, caractérisée par la récente dévaluation du naira, souligne l’urgence de résoudre les problèmes structurels du pays pour garantir une stabilité économique régionale. LA REDACTION