La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise financière de grande envergure, impliquant deux figures emblématiques du gouvernement : Malangu Kabedi, gouverneure de la Banque Centrale du Congo, et Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances. Les accusations portent sur un détournement de fonds publics qui met en lumière des failles sérieuses dans la gestion des finances nationales.
Les accusations visant Malangu Kabedi sont particulièrement graves. Elle est suspectée d’avoir détourné entre 27 et 28 millions de dollars destinés à un projet de mise en place de 1 000 forages à travers le pays. Les éléments à charge incluent des enregistrements audio de conversations interceptées, dans lesquelles on entend Kabedi et Kazadi discuter de transferts de fonds importants vers des comptes non identifiés, avec des commissions oscillant entre 10% et 12%. Ces preuves ont été mises en avant par Me Richard Mbenza, l’avocat plaignant, en association avec l’Association de Lutte Contre la Corruption (ALCC). Les enregistrements, datant de fin 2022 et début 2023, illustrent des instructions de Kazadi à Kabedi pour exécuter ces transferts financiers.
Face à ces accusations, Nicolas Kazadi a réagi en rejetant les responsabilités sur ses prédécesseurs, affirmant que le contrat controversé avait été négocié sous l’administration précédente dirigée par Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Kazadi a souligné avoir réduit le coût par forage de 400 000 dollars à 300 000 dollars, avant d’effectuer un paiement initial de 71 millions de dollars. Il conteste vigoureusement les accusations de surfacturation et assure que les paiements faits au prestataire étaient validés et justifiés.
En cas de condamnation, Malangu Kabedi pourrait faire face à des conséquences judiciaires significatives, incluant des poursuites pour détournement de fonds, abus de biens sociaux et complicité, avec des peines pouvant aller jusqu’à la prison ferme et des amendes substantielles. Sur le plan politique, une telle condamnation entraînerait probablement sa démission de la Banque Centrale, la perte de son statut public et des dommages considérables à sa réputation. L’impact économique pourrait également être sévère : une telle affaire pourrait éroder la confiance dans la Banque Centrale, entraîner une dévaluation du franc congolais, une fuite des capitaux et compromettre la crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux comme le FMI.
À ce jour, la Banque Centrale du Congo n’a pas encore émis de commentaire officiel sur cette affaire. Toutefois, l’institution suit de près le développement de la situation, consciente des répercussions possibles sur sa gouvernance et sa transparence. Une crise de confiance pourrait avoir des effets d’entraînement négatifs sur la perception nationale et internationale de la BCC.
La société civile, notamment à travers l’ALCC et l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), exprime une inquiétude croissante. Ces organisations appellent à des enquêtes approfondies et à des actions judiciaires contre les responsables de cette affaire de corruption. Elles soulignent l’importance d’une gestion transparente et de la lutte contre la corruption dans la gestion des finances publiques.
Le scandale entourant Malangu Kabedi et Nicolas Kazadi révèle des lacunes notables dans la gestion des finances publiques en RDC. Les éléments de preuve et les réactions des parties impliquées mettent en lumière une potentielle collusion au sommet de l’État. La résolution de cette affaire sera déterminante pour la stabilité économique du pays et pour la crédibilité internationale de la République Démocratique du Congo.
La Rédaction