Dans un contexte de mutations économiques et réglementaires, l’Association Congolaise des Banques (ACB) a mis en lumière les avancées significatives et les défis persistants du secteur bancaire en République Démocratique du Congo. Lors d’une récente prise de parole, Guy Robert Lukama, figure de proue de l’ACB, a partagé une analyse détaillée des réformes en cours, tout en soulignant les obstacles qui jalonnent le chemin du secteur financier congolais.
Des réformes en marche pour une finance plus robuste
Au cœur des initiatives récentes, la Banque Centrale du Congo a opéré un réajustement crucial des normes régissant la gouvernance et le contrôle interne des établissements financiers, s’appuyant sur la loi n°22/079 du 27 décembre 2023. Cette démarche s’accompagne d’une actualisation des directives en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, en résonance avec la législation du 27 décembre 2022, ainsi que de nouvelles régulations visant à renforcer la discipline des marchés financiers. Une attention particulière a été portée à la redéfinition des contributions financières des banques, désormais indexées sur un calcul plus équitable basé sur les risques.
L’ACB a exprimé son approbation vis-à-vis de ces mesures, reconnaissant leur potentiel à alléger les contraintes sur les activités d’épargne et à promouvoir l’inclusion financière. Néanmoins, un appel a été lancé pour une révision à la baisse du taux de risque net pondéré, proposant un passage de 0,6% à 0,4%, dans le but de soutenir davantage le dynamisme sectoriel.
Un bilan positif tempéré par des défis à relever
La performance du secteur bancaire congolais en 2023 marque une évolution favorable, avec une croissance notable des principaux agrégats financiers. Cette tendance positive, soulignée par une augmentation des bénéfices consolidés, masque cependant une réalité plus complexe, marquée par une fragilité intrinsèque et des défis multidimensionnels.
Les entraves à la croissance du secteur sont multiples, allant des tracasseries administratives et réglementaires à l’impact des conflits armés dans l’est du pays, en passant par la vulnérabilité aux actes d’escroquerie. Le secteur bancaire, en outre, pâtit d’une image ternie par son classement sur la liste grise du GAFI, facteur aggravant les risques de conformité. La volatilité du taux de change et les exigences en matière d’actionnariat représentent des soucis supplémentaires, tandis que la demande pour un assouplissement de certaines politiques monétaires reste forte.
Vers une collaboration renforcée pour surmonter les obstacles
Face à ce panorama, l’ACB appelle à une collaboration renforcée entre les acteurs financiers, la Banque Centrale et le gouvernement congolais. L’objectif est clair : consolider le rôle du secteur bancaire en tant que moteur de la croissance économique. La mise en place d’un Crédit Bureau, la modernisation de la Centrale des risques et la réévaluation des sanctions financières post-audit sont autant de pistes proposées pour naviguer vers des eaux plus claires.
Lueur d’espoir : une croissance des avoirs bancaires
Dans une note d’espoir, la Banque Centrale du Congo a révélé une augmentation significative des avoirs en monnaie nationale des banques commerciales, témoignant de la vitalité et de la résilience du secteur malgré les vents contraires.
Cette trajectoire, bien que semée d’embûches, illustre la détermination des acteurs financiers congolais à œuvrer pour un environnement bancaire plus stable et inclusif, moteur indispensable d’une économie en quête de développement durable.
La route est longue et semée d’embûches, mais la volonté de progrès et d’adaptation semble bien ancrée au sein de la
formes entreprises par la Banque Centrale du Congo (BCC), soulignant leur impact sur la robustesse et la résilience du système financier congolais.
Réformes en cours : Un virage stratégique
La BCC, régulateur du secteur, a introduit plusieurs réformes d’envergure visant à renforcer la gouvernance, le contrôle interne et la lutte contre le blanchiment d’argent. Parmi elles, l’ajustement des directives en gouvernance au regard de la loi récente sur les établissements financiers, et la mise à jour des normes anti-blanchiment se distinguent comme des pierres angulaires pour sécuriser et stabiliser l’activité bancaire dans le pays. « L’ACB salue ces initiatives, qui contribuent à libérer le potentiel de l’épargne nationale et à encourager l’inclusion financière, » a affirmé Lukama.
Toutefois, Lukama a appelé à une révision du taux du « risque net pondéré », proposant une baisse de 0,6% à 0,4% pour alléger les contraintes financières pesant sur les banques et stimuler davantage leur contribution au développement économique.
Un Secteur Bancaire en Pleine Expansion
L’ACB rapporte une tendance positive pour le secteur bancaire congolais, avec une progression remarquable par rapport à l’année précédente. Les principaux indicateurs financiers, tels que les dépôts, les crédits, et les fonds propres ont connu une croissance soutenue, traduisant la bonne santé et le dynamisme du secteur. « Les résultats consolidés et les indicateurs de performance témoignent de cette bonne santé, » a souligné Lukama, tout en rappelant la nécessité de rester vigilant face aux défis à venir.
Défis et préoccupations : Vers une collaboration renforcée
Malgré ces avancées, le secteur fait face à un éventail de défis, de la guerre dans l’Est perturbant l’économie à l’instabilité du taux de change, en passant par la pression réglementaire accrue. Lukama plaide pour une collaboration plus étroite entre les banques, la BCC et le gouvernement pour surmonter ces obstacles et maintenir le cap vers la croissance économique.
Les avoirs des banques en forte augmentation : Un signal positif
En signe de confiance et de solidité, les avoirs des banques commerciales ont connu une hausse significative, avec un accroissement de 158,7 milliards de Francs congolais en une semaine. Cette évolution reflète non seulement la confiance des déposants mais aussi l’efficacité des politiques monétaires mises en place par la BCC.
Conclusion : Un avenir prometteur malgré les défis
L’industrie bancaire congolaise, à travers les réformes et les défis actuels, montre une résilience et une capacité d’adaptation remarquables. Les efforts conjoints de l’ACB, de la BCC et du gouvernement sont cruciaux pour assurer la stabilité financière et soutenir la croissance économique de la RDC. Dans cet esprit de collaboration et d’innovation, le secteur bancaire congolais semble bien armé pour naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de l’économie mondiale.
Par La Rédaction