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Ressources stratégiques : le lithium de la RDC face aux défis juridiques et sociau

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Le lithium, cette ressource convoitée qui alimente la transition énergétique mondiale, fait une entrée remarquée sur la scène congolaise. Au cœur des enjeux, le projet Manono, situé dans le sud-est de la République Démocratique du Congo, attire les regards pour ses promesses économiques, mais aussi pour les controverses qu’il suscite. Le géant chinois Zijin Mining Group, détenteur des droits d’exploitation, s’apprête à démarrer la production de ce métal stratégique dès le début de 2026, une échéance qui pourrait redéfinir les équilibres dans l’industrie des batteries électriques.

Manono, autrefois une région peu médiatisée, se positionne aujourd’hui comme un symbole de la montée en puissance de la RDC dans le domaine des ressources stratégiques. Le site est présenté comme l’un des plus grands gisements de lithium au monde, un métal indispensable à la fabrication des véhicules électriques, au stockage d’énergie, et donc à l’avenir énergétique global. Si la RDC a déjà gagné en notoriété grâce à son rôle central dans l’approvisionnement en cobalt et en cuivre, le lithium pourrait lui offrir une nouvelle carte à jouer sur la scène économique mondiale.

Pourtant, derrière cet enthousiasme apparent, des batailles juridiques se jouent en coulisses. AVZ Minerals, une société australienne qui disposait des droits d’exploration sur la zone, conteste vigoureusement le transfert de ces droits à Zijin par les autorités congolaises. Les deux parties sont aujourd’hui engagées dans un arbitrage qui déterminera l’avenir du projet. Ce conflit illustre les tensions croissantes autour des ressources naturelles africaines, convoitées par des multinationales, mais également sources de friction entre États et entreprises.

Alors que le monde poursuit sa transition énergétique, les acteurs chinois se montrent particulièrement actifs pour sécuriser leur place dans cette chaîne de valeur. Les investissements massifs dans des projets africains, comme celui de Manono, témoignent de cette stratégie. Ces initiatives permettent à la Chine de renforcer son contrôle sur les approvisionnements mondiaux de matériaux critiques, tout en consolidant son rôle de leader dans l’industrie des technologies vertes. Pour Zijin, Manono représente non seulement une opportunité commerciale, mais également un levier stratégique dans un marché où la demande pour le lithium explose.

Pour la RDC, les perspectives économiques sont indéniables, mais elles s’accompagnent de défis majeurs. Les communautés locales, souvent laissées pour compte dans les projets d’exploitation minière, espèrent des retombées directes, notamment en termes d’emplois et d’amélioration des infrastructures. En parallèle, les questions environnementales occupent une place croissante dans les débats. Exploiter une ressource comme le lithium exige un équilibre délicat entre les bénéfices économiques et la préservation des écosystèmes, un défi que le gouvernement et les entreprises devront relever ensemble.

Le dénouement du projet Manono repose largement sur l’issue du litige en cours entre AVZ Minerals et les autorités congolaises. Une fois ce volet juridique réglé, Zijin devra démontrer sa capacité à mener un projet respectueux des normes internationales, tant sur le plan environnemental que social. Plus qu’une simple exploitation minière, Manono pourrait devenir un exemple emblématique de ce que l’Afrique peut accomplir en matière de gestion durable de ses ressources.

À mesure que le lithium devient une ressource clé pour l’économie mondiale, le projet Manono incarne les espoirs et les contradictions d’un continent riche en matières premières, mais souvent en proie à des défis structurels. Si la RDC parvient à tirer parti de cette opportunité tout en répondant aux attentes des différentes parties prenantes, le lithium pourrait bien écrire une nouvelle page de l’histoire économique du pays.

M. MATUVOVANGA

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