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Taxe Go Pass en RDC : Entre modernisation des aéroports et ombres de dettes

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La taxe Go Pass, officiellement désignée Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (IDEF), s’impose à chaque passager quittant un aéroport en RDC, avec un montant fixé à 50 USD pour les vols internationaux et 10 USD pour les déplacements intérieurs. Mise en œuvre dès 2009 en réaction aux préoccupations de sécurité et à la vétusté des installations, cette redevance a été instaurée pour mobiliser des ressources destinées à moderniser les infrastructures aéroportuaires et à contribuer au remboursement d’un important prêt contracté lors de l’ère précédente.

Les recettes perçues ne figurent pas dans le budget général de l’État, mais sont directement versées sur un compte spécial géré par la Régie des Voies Aériennes. Ainsi, près de 90 % des sommes collectées entre 2015 et 2019 auraient financé des travaux d’amélioration technique, tandis qu’une portion importante a servi à amortir un prêt de 555 millions USD contracté auprès d’EximBank of China, réparti notamment entre les projets de rénovation de l’aéroport de N’Djili (environ 354 millions USD) et celui de Luano (environ 201 millions USD). Des données économiques issues des rapports officiels indiquent également que d’autres investissements – comme la construction supposée d’une aérogare à Kalemie pour 43 millions USD – ont été évoqués, bien que leur réalisation effective reste à confirmer.

Le dispositif a connu plusieurs évolutions depuis sa création. Initialement adopté le 19 mars 2009, suite à une série d’accidents aériens qui ont mis en lumière l’état dégradé des infrastructures, le mécanisme s’appuyait sur les recommandations d’organismes internationaux pour améliorer la sûreté et la qualité des services aéroportuaires. Dès 2019, le gouvernement avait envisagé d’intégrer la taxe directement dans le prix des billets afin de simplifier le processus de paiement et de réduire le ressenti négatif des usagers. En février 2025, des déclarations officielles ont précisé que l’ensemble des fonds collectés serait affecté au remboursement de dettes antérieures, avec une échéance prévue jusqu’en 2027, ce qui a relancé le débat parmi les représentants politiques et la société civile.

Si les autorités défendent cette mesure en insistant sur son rôle dans le financement des améliorations techniques et des travaux de maintenance, plusieurs voix s’élèvent quant à la transparence de sa gestion. Des audits ont mis en lumière des écarts dans la traçabilité des montants, certains fonds semblant redirigés vers des dépenses autres que celles prévues pour la rénovation des aéroports, ce qui génère un surcoût pour les voyageurs – notamment pour la diaspora, régulièrement interpellée lors de ses visites.

En dépit des intentions affichées pour renforcer la sécurité et la modernisation du secteur aérien, le bilan de la taxe Go Pass reste sujet à interrogation. La nécessité d’une meilleure visibilité sur l’affectation de chaque dollar collecté apparaît dès lors comme une priorité pour restaurer la confiance du public dans ce mécanisme financier. Une publication plus détaillée des recettes et des dépenses, assortie d’un suivi rigoureux, contribuerait à clarifier l’utilisation de cette redevance et à répondre aux critiques qui se font jour depuis plus d’une décennie.

— M. KOSI

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