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Washington soutient la paix en RDC avec 850 millions USD d’investissements alors que le conflit menace un milliard USD de recettes publiques.

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La République démocratique du Congo et le Rwanda officialisent ce 25 avril 2025 à Washington une « déclaration de principes » sous l’égide du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Organisée à 14h heure locale, la cérémonie réunit Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères, et Olivier Nduhungirehe, son homologue rwandais. Ce geste diplomatique vise à amorcer un nouvel élan vers la paix dans l’est congolais.

Deux jours plus tôt, Kinshasa et le M23/AFC publiaient une déclaration conjointe médiée par le Qatar. L’accord prévoit l’ouverture rapide de négociations pour un cessez-le-feu, une avancée rare après plusieurs mois d’impasse militaire. Derrière cette dynamique, Washington semble jouer un rôle discret mais déterminant. La rencontre confidentielle entre Mohammed Al-Khulaifi, ministre d’État du Qatar, et Massad Boulos, émissaire de Donald Trump pour l’Afrique, survenue avant l’annonce du 23 avril, laisse peu de doute sur l’implication américaine.

« Les États-Unis utiliseront tous les moyens diplomatiques et économiques pour soutenir la paix. Il est temps de tourner la page d’un conflit vieux de trois décennies« , a martelé Massad Boulos lors d’une conférence de presse tenue à Washington le 17 avril.

Le contrôle de l’est de la RDC ne relève pas seulement d’une urgence humanitaire. Il s’agit aussi d’une priorité géostratégique pour les États-Unis, notamment à travers le projet du corridor de Lobito, destiné à relier les minerais critiques d’Afrique centrale aux marchés occidentaux sans passer par les ports chinois. Début 2025, Washington a annoncé un plan d’investissements de 850 millions de dollars pour renforcer les infrastructures de transport et d’énergie en RDC, en partenariat avec Kinshasa et ses voisins.

Pendant ce temps, la situation humanitaire se dégrade. Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, les marchés sont dévastés, les routes commerciales coupées. Les prix du manioc et du maïs, principales denrées alimentaires, ont bondi de 35 % depuis janvier, selon les données de la FAO. Dans le secteur minier, vital pour les recettes d’exportation du pays, les arrêts d’exploitation forcés provoquent des pertes économiques estimées à 240 millions de dollars rien qu’au premier trimestre 2025, d’après le ministère congolais des Finances.

Les perspectives budgétaires s’assombrissent. Le gouvernement prévoit un manque à gagner pouvant frôler un milliard de dollars d’ici la fin de l’année si les violences persistent. Par ricochet, des projets stratégiques comme l’autoroute Lomami-Sud-Kivu, soutenue par la Banque mondiale à hauteur de 500 millions de dollars, risquent d’être suspendus faute de stabilité sur le terrain.

Dans ce contexte, la signature de Washington ne représente pas seulement un geste symbolique. Elle pourrait aussi préfigurer un repositionnement diplomatique plus large de la RDC dans le jeu complexe des alliances internationales, à un moment où l’accès aux ressources naturelles devient un levier central des nouvelles stratégies économiques mondiales.

Peter MOYI

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