Lundi, la question des infrastructures du Sankuru a atterri sur le bureau de Freddy YODI SHEMBO. À la tête de l’Agence de pilotage chargée de coordonner les grandes conventions entre la RDC et ses partenaires privés, il a reçu un groupe de parlementaires venus défendre les priorités de leur territoire. Au menu : l’aéroport de Lodja, les travaux autour de Lumumbaville, et la remise en état de la route Lusambo–lac Munkamba, artère longue de 130 kilomètres dont la vétusté freine depuis des années la circulation des biens et des personnes.
Face à Emmanuel Ompeta Shonda et aux élus du Sankuru, le patron de l’Agence n’a pas esquivé les sujets sensibles. Comment réunir les fonds ? Quels partenaires convaincre pour lancer des chantiers qui traînent depuis des mois, parfois des années ? Derrière la solennité des échanges, c’est tout un département qui espère sortir de l’isolement et voir se concrétiser enfin des engagements présidentiels.

Les discussions n’ont pas tourné à la simple formalité. D’après plusieurs sources institutionnelles, l’équipe parlementaire a insisté sur l’urgence : Lodja, deuxième ville de la province, voit son développement bloqué par l’absence d’un aéroport moderne. Quant à Lumumbaville, projet symbolique lancé sous Félix Tshisekedi pour honorer la mémoire de Patrice Lumumba, les retards successifs interrogent la capacité du gouvernement à transformer l’intention politique en réalisations visibles. Quant à la route Lusambo-Lac Munkamba, elle reste impraticable une bonne partie de l’année. Selon un rapport récent de la Banque mondiale, près de 70% des routes provinciales en RDC sont considérées comme « en mauvais état« , un obstacle majeur à l’intégration économique régionale.
Les parlementaires n’ont pas caché leur impatience. « Les populations attendent des avancées concrètes », rappelle l’un d’eux, joint par Lepoint.cd à la sortie de la réunion. À quoi Freddy YODI Shembo répond qu’une coordination plus étroite avec les ministères concernés et les partenaires techniques est déjà en place. Pour l’Agence, le défi consiste à conjuguer rigueur de gestion, transparence dans les appels d’offres, et recherche active de financements, alors même que la conjoncture budgétaire de l’État reste serrée — les dernières données du FMI situent le déficit public de la RDC à 2,5% du PIB pour 2024.
L’audience n’a pas levé toutes les incertitudes, mais elle a permis d’ancrer une promesse : l’Agence s’engage à « accélérer la mise en œuvre » de ces chantiers structurants. D’ici là, la population du Sankuru scrutera chaque étape, guettant le moindre engin sur la route, la moindre grue sur le chantier de Lodja. Car ici, chaque délai supplémentaire a un coût : celui d’un avenir régional encore suspendu à la parole des institutions.
— M. KOSI






