Kinshasa, le 28 juin 2024 – La dépréciation continue du franc congolais face au dollar américain exacerbe la précarité économique à Kinshasa, affectant de manière significative les prix des produits de première nécessité. Ce phénomène fragilise le pouvoir d’achat des ménages et intensifie la détresse des petits commerçants, qui peinent à maintenir leur activité dans un contexte économique instable.
La chute libre du franc congolais a eu des répercussions désastreuses sur le coût de la vie. En l’espace de quelques mois, le prix du sac de braise a doublé, passant de 35 000 FC à 70 000 FC (environ 15 USD à 25 USD). Cette flambée des prix des denrées de base met en difficulté des milliers de ménages, qui luttent pour subvenir à leurs besoins essentiels. Les fonctionnaires de l’État, qui doivent payer leurs frais scolaires et loyers en dollars, ne sont pas épargnés.
À Uvira, les petits commerçants et opérateurs économiques manifestent contre les tracasseries fiscales. Ils dénoncent la pression excessive exercée par les autorités fiscales, qui aggrave leur situation financière déjà précaire. Les commerçants réclament une réduction des taxes et impôts pour alléger leur fardeau.
Plusieurs facteurs expliquent cette dépréciation continue du franc congolais. Parmi eux, on compte la crise de liquidité bancaire, l’inflation hétérogène, l’abondance de la masse monétaire et l’inefficacité de la politique monétaire. Pour tenter de freiner cette chute, la Banque centrale du Congo (BCC) a relevé son taux directeur de 11 % à 25 % en août 2023, une mesure qui reste contestée par certains économistes.
Face à cette situation, les petits commerçants de Kinshasa proposent plusieurs solutions : réduction des taxes et impôts pour diminuer la pression fiscale, stabilisation du taux de change par le gouvernement pour réduire l’instabilité économique, facilitation de l’accès au dollar pour permettre aux commerçants de s’approvisionner à des coûts raisonnables, et soutien de l’État pour compenser la hausse des coûts d’approvisionnement.
Le gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa envisage plusieurs mesures pour stabiliser le franc congolais. Parmi elles, le renforcement de la politique monétaire avec le maintien des taux d’intérêt réels positifs pour absorber les excès de liquidités, une politique budgétaire prudente visant à limiter le déficit public à moins de 1 % du PIB en favorisant les investissements, et l’accumulation de réserves de change pour renforcer la capacité d’intervention de la BCC sur le marché des changes. De plus, la lutte contre les pratiques informelles, la diversification des exportations et l’encouragement de la production locale sont des mesures clés pour réduire la dépendance aux matières premières et stabiliser les recettes en devises. Enfin, des subventions ciblées pour les commerçants et ménages les plus touchés par la hausse des prix sont prévues pour alléger la pression économique.
La stabilisation du franc congolais requiert une approche intégrée combinant des mesures monétaires, budgétaires et structurelles. Le défi pour le gouvernement est de mettre en œuvre ces solutions de manière efficace pour restaurer la confiance et améliorer durablement la situation économique en RDC.
M. KOSI