Les crédits accordés au secteur privé en République Démocratique du Congo (RDC) ne représentent que 8 % du PIB, bien en dessous de la moyenne africaine de 20 %.
C’est ce que qu’à fait savoir Malick Fall, représentant régional de la société financière internationale du groupe de la Banque mondiale au cours d’un déjeuner débat organisé le 20 juillet 2024 à Kinshasa par le Club -BTP et CMA sur l’opérationnalisation du crédit bail dans le secteur de la construction en RDC.
D’après Malick Fall le leasing, ou crédit-bail, est un pilier majeur dans le développement économique.
“ En RDC, les crédits accordés au secteur privé représentent seulement 8 % du PIB, bien en dessous de la moyenne africaine de 20 %. Cette faible proportion est attribuable à plusieurs facteurs, notamment les difficultés pour les petites et moyennes entreprises (PME) à obtenir des garanties suffisantes pour accéder aux prêts traditionnels. Les PME n’ont souvent pas d’actifs à offrir en garantie, ce qui rend les prêts risqués pour les banques. En cas de défaut de paiement, la récupération des garanties est longue et coûteuse, avec des procédures judiciaires pouvant durer un à deux ans, voire plus. Cette incertitude décourage les banques à prêter, ou les pousse à imposer des conditions de prêt très strictes et onéreuses”, a-t-il déclaré.
Pour lui, le crédit-bail est une solution incontournable pour le développement des PME en République Démocratique du Congo.
“Le crédit-bail offre une solution à ces contraintes. Contrairement aux prêts hypothécaires, le bien acquis reste la propriété de l’établissement financier jusqu’à la fin du contrat de leasing. Cela simplifie les procédures de récupération en cas de défaut de paiement, réduisant ainsi le risque pour les banques. De plus, les PME n’ont pas besoin de fournir de garantie supplémentaire, car le bien loué lui-même sert de garantie. Les avantages du crédit-bail pour les PME
Le crédit-bail présente plusieurs avantages pour les PME. Il permet une accessibilité rapide aux financements, avec des procédures simplifiées. Dans les pays où le crédit-bail est bien développé, il est possible d’obtenir un financement en moins de 24 heures. Les frais de dossier et autres coûts associés aux prêts traditionnels sont également éliminés”
La SFI a fait du développement du crédit-bail une priorité en RDC. En collaboration avec la Banque Centrale et le Ministère des Finances, des améliorations législatives ont été proposées pour rendre le crédit-bail plus attractif.
Par exemple, les exonérations fiscales pour les PME peuvent être transférées aux établissements financiers dans le cadre de contrats de leasing, ce qui n’était pas possible auparavant, a-t-il souligné.
Le modèle de leasing appliqué à l’immobilier, connu sous le nom de « rent-to-own » ou location-vente, pourrait transformer le marché du logement en RDC. Actuellement, les promoteurs immobiliers construisent et vendent des propriétés sur une période de trois à quatre ans. Cependant, avec la location-vente, les promoteurs louent les biens pendant 10 à 15 ans avant de les vendre, nécessitant ainsi des ressources financières à long terme.
Il estime que pour que le marché de la location-vente prospère, des cadres légaux spécifiques doivent être mis en place, définissant clairement les rôles et obligations des locataires et des bailleurs. Ces mesures garantiront un équilibre d’intérêts entre les parties, essentiel pour la viabilité du marché.
C’est ainsi que Malick Fall plaide pour la mise en place d’un cadre légal adéquat et la mobilisation de ressources financières appropriées sont indispensables pour dynamiser le marché du leasing et de l’immobilier en RDC. Cela permettra non seulement de soutenir les PME, mais aussi de répondre aux besoins de logement de la population croissante.
M. MATUVOVANGA