Washington veut bannir le cobalt raffiné en Chine, alors que la RDC fournit environ 74 % de la production mondiale.

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Christopher Henry Smith

Le 24 mars 2025, une proposition de loi a été introduite à la Chambre des représentants des États-Unis visant à interdire l’importation de cobalt raffiné en Chine. Cette initiative, portée par le représentant républicain Christopher Henry Smith, repose sur l’allégation que ce cobalt est extrait ou traité en République démocratique du Congo (RDC) en ayant recours au travail des enfants et au travail forcé.

À ce jour, le contenu détaillé de cette proposition, enregistrée sous la référence H.R.2310, n’est pas encore disponible sur le site officiel de la Chambre. Ce n’est cependant pas la première fois que le représentant Smith présente une telle mesure. En décembre 2023, il avait déjà soumis un projet de loi similaire, qui n’avait pas été soumis au vote avant la fin de la mandature précédant les élections de novembre 2024. Ce précédent projet visait à exclure les États-Unis de toute chaîne d’approvisionnement impliquant du cobalt extrait dans des conditions jugées inacceptables en RDC et raffiné en Chine.

La nouvelle proposition de loi s’appuie sur des rapports dénonçant des conditions de travail précaires et des violations des droits humains dans les mines congolaises. Elle prévoit d’interdire l’importation ou l’utilisation de tout produit contenant du cobalt raffiné en Chine, sauf si des preuves irréfutables démontrent qu’il ne provient pas de la RDC.

Cette initiative intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, qui assure à elle seule plus de 80 % de l’offre mondiale de cobalt raffiné. La RDC, de son côté, est le premier producteur mondial de cobalt, avec une production estimée à 170 000 tonnes en 2023, représentant environ 74 % de la production mondiale.

La proposition de loi soulève des questions quant à ses motivations réelles : s’agit-il véritablement d’une mesure contre le travail des enfants, ou plutôt d’une stratégie pour limiter l’influence chinoise sur le cobalt congolais ? Il est à noter que la Chine ne se limite pas au raffinage du cobalt, mais contrôle également plusieurs mines industrielles en RDC. Par exemple, le groupe chinois CMOC est devenu, depuis 2023, le premier producteur mondial de cobalt, grâce à ses actifs à Tenke Fungurume et Kisanfu.

Par ailleurs, si de nombreux rapports ont dénoncé le recours au travail des enfants dans le secteur minier congolais, ces abus concernent principalement l’exploitation artisanale et à petite échelle. Celle-ci représenterait entre 15 et 30 % de la production nationale de cobalt, selon les estimations. La majorité de la production, en revanche, est assurée par des opérateurs industriels soumis à des normes de traçabilité plus strictes.

— Peter MOYI

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