Le président Félix Tshisekedi a officiellement lancé la 8e édition de l’Expo Béton à Kinshasa, un rendez-vous annuel devenu incontournable dans le domaine des infrastructures. Cette édition 2024 est axée sur le thème de la « Révolution urbaine et solutions durables du corridor ouest pour Kinshasa et Kongo Central ». Dans un pays où la croissance démographique rapide est un défi de taille, l’accent est mis sur la nécessité d’une approche inclusive pour le développement urbain.
Dans son discours, le président Tshisekedi a rappelé les conséquences de décennies de négligence dans les politiques d’urbanisation, citant notamment la congestion urbaine et le manque de logements décents. « Nous payons aujourd’hui les erreurs du passé, un manque d’anticipation qui freine la croissance de nos villes », a-t-il déclaré. La capitale Kinshasa, avec plus de 17 millions d’habitants, est particulièrement touchée par ces problématiques, mais d’autres villes du pays connaissent des défis similaires.
Enjeux économiques et sociaux de l’urbanisation
Selon Félix Tshisekedi, l’une des priorités du gouvernement est de garantir un accès équitable aux services de base pour tous les citoyens. Ce besoin devient urgent dans un pays où 44 % de la population vit dans les zones urbaines, une proportion qui continue d’augmenter à un rythme soutenu. L’objectif, comme l’a souligné le président, est d’assurer un accès aux infrastructures pour tous, qu’ils soient citadins ou ruraux. En effet, pour Tshisekedi, l’intégration des territoires enclavés est un enjeu clé pour permettre une plus grande cohésion nationale et dynamiser l’économie locale.
Les infrastructures de transport et de communication sont des leviers essentiels pour désenclaver les régions rurales et les connecter aux marchés nationaux et internationaux. Le président a réitéré son engagement à investir dans des infrastructures qui « permettent à chaque Congolais de bénéficier des mêmes opportunités économiques ».
Financement et partenariat pour des projets d’envergure
Un autre point clé abordé par le chef de l’État lors de l’inauguration concerne les mécanismes de financement pour ces projets d’infrastructures. Tshisekedi a mis en avant les partenariats public-privé (PPP) comme un modèle de financement efficace pour accélérer la mise en œuvre de projets ambitieux. Ce type de collaboration permet de répartir les risques tout en bénéficiant de l’expertise du secteur privé.
En termes de chiffres, les dépenses publiques liées aux infrastructures ont connu une augmentation de 10 % ces dernières années, atteignant 4,5 milliards USD en 2023. Cependant, selon les projections gouvernementales, il faudrait au moins doubler ces investissements pour répondre aux besoins croissants du pays. Le président Tshisekedi a également souligné la création du ministère de la Ville, chargé de centraliser et de coordonner ces efforts, une mesure qu’il considère comme cruciale pour la réussite de la stratégie d’urbanisation.
Développement des compétences locales
La formation de la main-d’œuvre locale est un autre point crucial pour assurer la durabilité des projets d’infrastructures. Félix Tshisekedi a insisté sur l’importance de certifier et d’encadrer les professionnels du bâtiment, afin de garantir une expertise locale de qualité. « La certification est essentielle pour permettre à nos ingénieurs et techniciens de répondre aux normes internationales et de gérer des projets de grande envergure », a-t-il expliqué.
En renforçant les compétences locales, le gouvernement espère non seulement améliorer la qualité des projets, mais aussi limiter la dépendance envers les expertises étrangères, souvent coûteuses. À ce jour, les travaux dans le secteur du bâtiment représentent environ 12 % du PIB de la RDC, une part qui pourrait augmenter avec l’essor des compétences locales.
Vers un avenir urbain résilient
L’Expo Béton 2024 se positionne ainsi comme un catalyseur pour réinventer la politique d’urbanisation en République Démocratique du Congo. Des projets structurants sont attendus, avec une attention particulière aux questions de cohésion sociale et de réduction des inégalités. Les autorités espèrent que cet événement marquera un tournant pour un développement urbain plus résilient et durable, avec un impact direct sur l’économie nationale.
La vision de Félix Tshisekedi pour l’avenir de l’urbanisation repose donc sur une stratégie globale : investir dans les infrastructures, désenclaver les régions reculées et développer une main-d’œuvre qualifiée. L’enjeu est de taille, mais le président se montre déterminé à apporter des réponses concrètes aux défis urbains du pays.
M.MATUVOVANGA