Dans un tournant significatif pour le secteur agro-industriel africain, Geocoton, géant français de la production cotonnière, initie des pourparlers pour la vente de ses actifs en Afrique, avec une attention particulière sur ses opérations au Cameroun. Des sources bien informées rapportent à EcoMatin que le groupe est en phase de négociation pour céder ses participations minoritaires (30%) dans la Société de développement du coton (Sodecoton). Cette décision découle d’un effort antérieur infructueux de trouver un investisseur stratégique malgré le déploiement d’un ambitieux plan de redynamisation il y a de cela un an.
Bien que les motifs précis derrière cette démarche restent officiellement non divulgués, il est primordial de noter que cette initiative coïncide avec le projet du Cameroun d’introduire quatre de ses entreprises publiques, dont Sodecoton, en bourse. Cette manœuvre pourrait offrir à Geocoton une opportunité de consolider sa position dans le capital de Sodecoton qui a récemment vu son chiffre d’affaires s’accroître à 186,9 milliards de Fcfa en 2022, marquant une progression de 6,52% par rapport à l’année précédente.
Néanmoins, cette embellie financière est assombrie par une réduction notable du bénéfice net de Sodecoton, qui a chuté de 29,9% pour s’établir à 5,9 milliards de Fcfa en 2022. Cette baisse fait suite à une période de redressement où le bénéfice avait atteint 8,4 milliards de Fcfa en 2021, après une perte significative due à la crise du Covid-19 l’année antérieure. Parallèlement, la société poursuit son expansion avec l’annonce de nouveaux projets d’infrastructure incluant la construction de magasins de stockage, une onzième usine d’égrenage et une nouvelle huilerie, visant une production cible de 400 000 tonnes de coton à l’horizon 2025.
L’implication de Geocoton dans Sodecoton est partagée avec l’État camerounais, détenant 59% des parts, et la Société mobilière d’investissement du Cameroun (Smic), propriété du milliardaire Baba Danpullo, avec 11%. La position stratégique de Sodecoton dans le nord du Cameroun pourrait inciter l’État à exercer son droit de préemption sur les parts de Geocoton, reflétant l’importance nationale de cette entreprise.
En outre, le retrait envisagé de Geocoton du Cameroun n’est qu’une partie d’un plan plus large incluant la vente d’actifs au Burkina Faso, notamment dans la Société Cotonnière du Gourma (Socoma) où le groupe détient 75% des parts, et dans l’huilerie SN-Citec. Des acteurs clés comme InVivo-Soufflet, Tropic Agro Chem, et Coris Bank International ont déjà exprimé leur intérêt pour ces acquisitions, marquant une période de transition importante pour le paysage agro-industriel en Afrique.
Par L’ÉDITORIAL