Le cuivre piégé entre le dollar fort et les tensions sino-américaines

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cuivre russe

Le cuivre a vu sa courbe de valeur s’infléchir ce matin à Londres, cédant 0,22 % pour s’établir à 9.715 dollars la tonne sur le marché à terme du London Metal Exchange. Une baisse modérée mais révélatrice d’une pression plus large exercée par la reprise de vigueur du dollar, dont l’indice global a gagné 0,3 %. La devise américaine, en attirant les capitaux vers les obligations souveraines, rend mécaniquement les matières premières libellées en dollar moins attractives pour les détenteurs d’autres monnaies.

Ce recul intervient alors même que les stocks mondiaux de cuivre disponibles sur le LME s’effritent jour après jour, en lien avec une demande soutenue aux États-Unis. Les volumes en transit vers le marché nord-américain n’ont jamais vraiment faibli ces dernières semaines, soutenus par les commandes industrielles, notamment dans les secteurs de l’électrification et de la transition énergétique. Pourtant, ce facteur haussier n’a pas suffi à inverser la tendance baissière du jour.

Le yuan en chute libre — tombé à son plus bas niveau depuis deux ans — contribue également à la nervosité ambiante. L’affaiblissement de la monnaie chinoise pèse sur les anticipations de demande en Asie, premier bassin de consommation de cuivre au monde. La Chine importe plus de 60 % du cuivre raffiné mondial chaque année. Une demande hésitante ou ralentie dans ce pays suffit à brouiller les signaux pour les traders de matières premières.

À cette toile de fond économique s’ajoute un climat politique tendu. Le président américain Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping ont renoué le contact téléphonique pour évoquer les barrières douanières, relançant le spectre d’une escalade commerciale. Même si aucun accord concret n’a été annoncé, cette reprise de contact diplomatique ravive les incertitudes. Les opérateurs, déjà prudents, adoptent une position d’attente.

Pour Nitesh Shah, stratège chez WisdomTree, « le raffermissement du dollar exerce une pression mécanique sur les métaux industriels, et particulièrement le cuivre ». Une analyse partagée par plusieurs maisons de courtage, qui notent également que les flux vers les États-Unis, bien que solides, pourraient à terme ralentir si l’économie américaine montre des signes de ralentissement post-hausses de taux.

Les indicateurs macroéconomiques américains publiés la veille ont également refroidi les espoirs d’un assouplissement monétaire rapide. L’inflation de base reste stable, tandis que l’emploi se maintient à un niveau qui justifie le maintien d’un taux directeur élevé par la Fed. Dans ce contexte, le cuivre, souvent vu comme un baromètre avancé de l’économie mondiale, reflète une nervosité diffuse quant à la solidité de la reprise.

Reste à surveiller les prochaines publications sur la croissance industrielle chinoise et l’évolution des politiques commerciales entre Washington et Pékin. Deux éléments susceptibles de faire basculer à nouveau la tendance, dans un marché où l’équilibre est toujours fragile.

— M. MASAMUNA.

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