En République Démocratique du Congo, les partenariats public-privé (PPP) se positionnent comme un levier stratégique crucial pour relever les défis financiers et infrastructurels majeurs auxquels le pays est confronté. Dans un contexte économique complexe, la collaboration entre les secteurs public et privé devient indispensable pour soutenir les projets de développement. Depuis l’introduction d’un cadre juridique spécifique en 2023 et la création de l’Unité de Conseil et de Coordination des contrats PPP (UC-PPP), la RDC manifeste une volonté affirmée de réformer son approche en matière d’infrastructures et de gestion des ressources.
L’adoption d’une loi encadrant les PPP en octobre 2023 marque un tournant décisif. Ce cadre législatif vise à sécuriser les investissements privés en clarifiant les formes de partenariat, les procédures de passation, ainsi que les critères d’attribution. Les projets de PPP sont désormais réalisés en moyenne 40 % plus rapidement que ceux financés uniquement par des fonds publics, une amélioration notable dans un pays où les retards de projet sont fréquents. En offrant une sécurité juridique renforcée, cette législation attire les investisseurs régionaux et internationaux. En effet, les projets de PPP affichent un taux de succès de 88 %, comparé à seulement 30 % pour les projets de marchés publics traditionnels, illustrant ainsi l’importance d’un cadre légal stable pour sécuriser les investissements.
Les PPP se concentrent principalement sur trois secteurs essentiels pour le développement économique de la RDC. Dans le domaine de l’énergie, la RDC possède un potentiel hydroélectrique estimé à plus de 100 000 MW. Pourtant, l’accès à l’électricité reste limité, avec seulement 9 % de la population bénéficiant d’une alimentation électrique stable. Les projets de PPP visent à développer des centrales hydroélectriques et des infrastructures de distribution pour améliorer l’accès à l’énergie. En matière de transport, le développement des infrastructures est crucial pour le commerce et la mobilité dans un pays aussi vaste. Les PPP jouent un rôle central dans la modernisation du réseau routier et ferroviaire, avec des investissements prévus de 2 milliards USD pour la réhabilitation des routes principales et la construction de nouvelles lignes ferroviaires. Concernant l’approvisionnement en eau, la croissance démographique rapide rend l’accès à l’eau potable urgent. Les projets de PPP visent à moderniser les infrastructures de distribution d’eau avec des investissements envisagés d’environ 500 millions USD.
Malgré ces avancées, des défis subsistent. Le manque de compétences techniques au sein des administrations publiques peut ralentir la mise en œuvre et le suivi des projets. Il est essentiel que le gouvernement investisse dans le renforcement des capacités techniques pour garantir une gestion efficace des contrats PPP. De plus, la corruption et le manque de transparence dans la gestion des contrats restent des obstacles majeurs. La crédibilité des PPP dépendra largement de l’amélioration de la transparence et de la rigueur dans la gestion des fonds publics. Les investisseurs sud-africains, par exemple, apportent une expertise précieuse et leur présence est déterminante pour la réussite des projets, mais ils exigent une gouvernance stable et transparente pour poursuivre leurs engagements.
Les partenariats public-privé se révèlent donc être un levier stratégique pour le développement des infrastructures en RDC. En transférant une partie des risques au secteur privé, les PPP permettent de concrétiser des projets d’envergure tout en optimisant l’utilisation des ressources publiques. Toutefois, pour que cette approche atteigne son plein potentiel, il est impératif de surmonter les défis institutionnels et de garantir une gestion transparente des fonds. Les réformes entreprises par la RDC témoignent d’une volonté claire de moderniser son cadre d’investissement. Si le pays parvient à renforcer la transparence et à améliorer ses capacités techniques, les PPP pourront véritablement catalyser la transformation économique et sociale de la RDC.
Peter MOYI