L’assurance chantier demeure largement absente du paysage économique de la construction en République démocratique du Congo, une lacune qui fragilise l’ensemble des projets d’infrastructure dans un pays où ce secteur représente près de 10 % du PIB selon les estimations récentes de la Banque centrale du Congo. Xavier Deny, porte-parole de la Société financière d’assurance, a tiré la sonnette d’alarme lors d’un échange organisé par le Club BTP et la Chambre des métiers et artisanat, soulignant que cette couverture, dite « tout risque chantier », est encore facultative dans le pays.
Cette assurance vise à protéger les projets contre les aléas techniques – malfaçons, retards, accidents – qui, sans protection, engendrent des pertes financières souvent considérables. Sur un continent où les dépassements budgétaires des infrastructures atteignent en moyenne 30 % selon la Banque mondiale, l’absence de garanties solides en RDC expose maîtres d’ouvrage et entrepreneurs à des risques économiques élevés.
Le représentant de la Société financière d’assurance a également pointé le faible recours aux polices dédiées aux erreurs de conception ou de supervision, dont les conséquences dépassent souvent le cadre financier pour affecter la sécurité humaine sur les chantiers. En l’absence d’un cadre réglementaire contraignant, ces assurances restent marginales, ce qui freine la professionnalisation du secteur et la sécurisation des investissements.

Dans plusieurs pays africains et ailleurs, l’obligation légale de souscrire à une assurance chantier a permis de limiter les contentieux et d’attirer des financements plus stables. L’appel de Xavier Deny à un rôle plus actif de l’État et des institutions professionnelles vise à instaurer ce même standard en RDC, où la réglementation peine encore à accompagner la croissance rapide du secteur.
Au-delà de la simple couverture, il souligne la nécessité d’intégrer dès la conception des projets l’analyse des risques par les assureurs et les banques. Une telle démarche, combinant expertise technique et rigueur financière, peut réduire considérablement les aléas qui plombent trop souvent les projets, contribuant à une meilleure allocation des ressources et à une durabilité accrue des investissements.
Ce constat rejoint les observations récentes du Fonds monétaire international, qui insiste sur l’importance d’un environnement financier stable et réglementé pour accompagner la modernisation des infrastructures en Afrique subsaharienne.
La généralisation de l’assurance chantier en RDC ne relève plus d’une option mais d’une condition sine qua non pour soutenir la montée en qualité des constructions et assurer la pérennité des projets, dans un contexte où les flux d’investissement étrangers, souvent conditionnés à une gestion rigoureuse des risques, restent fragiles.
— Peter MOYI