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Tensions à Ormuz : les prix du pétrole pourraient dépasser les 120 dollars, impact direct sur l’économie mondiale

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Les tensions géopolitiques dans le détroit d’Ormuz, un passage maritime stratégique, continuent de susciter l’inquiétude des marchés énergétiques mondiaux. Le rôle clé de ce détroit, qui relie le golfe Persique à l’océan Indien, ne peut être sous-estimé : environ 21 millions de barils de pétrole brut transitent chaque jour par cet étroit corridor, représentant près de 20 % de la consommation mondiale. Toute perturbation dans cette zone pourrait provoquer un véritable choc sur les marchés financiers et énergétiques.

Les récentes escalades entre l’Iran et Israël, observées au cours des premières semaines d’octobre 2024, ont déjà eu un impact direct sur les prix du pétrole. Le baril de Brent, référence internationale, a bondi de près de 8 %, atteignant 78,14 dollars, tandis que le WTI, référence américaine, s’est établi à 74,45 dollars. Ce renchérissement témoigne de l’anxiété des opérateurs économiques face à la possibilité d’un blocage du détroit. Selon les analystes, une interruption prolongée du transit par cette route stratégique pourrait propulser les prix au-delà des 100 dollars le baril, augmentant les pressions inflationnistes sur les économies importatrices, notamment celles d’Asie et d’Europe.

Le détroit d’Ormuz est également un couloir essentiel pour le gaz naturel liquéfié (GNL). Près de 30 % des exportations mondiales de GNL passent par cette voie, principalement en provenance du Qatar. Une fermeture de ce passage entraînerait une explosion des prix du gaz, perturbant les marchés asiatiques et européens, et pesant sur le coût de l’électricité et du chauffage. En 2023, le Qatar a exporté 106 milliards de mètres cubes de GNL, soit 22 % du commerce mondial. Toute interruption de ce flux pourrait provoquer une flambée des prix, entraînant des conséquences économiques importantes pour les pays consommateurs.

La montée des tensions a également révélé les vulnérabilités des grandes économies importatrices d’énergie. La dépendance envers le pétrole du Moyen-Orient demeure forte, malgré les efforts de diversification. L’Union européenne, par exemple, a vu ses importations de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis augmenter de 25 % en 2023, alors que le continent cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures en provenance de Russie et du Moyen-Orient. En parallèle, la Chine et l’Inde ont renforcé leurs partenariats énergétiques avec les pays africains, notamment le Mozambique et le Nigéria, pour sécuriser leurs approvisionnements.

Les répercussions économiques d’une interruption du trafic dans le détroit d’Ormuz seraient significatives. Plus de 60 % des exportations de pétrole de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït et de l’Irak transitent par cette voie. Selon le FMI, une fermeture prolongée pourrait entraîner une hausse de 15 à 20 % des prix de l’énergie dans les pays importateurs, amputer la croissance mondiale de 0,8 à 1 % et entraîner des perturbations majeures dans les secteurs industriels et financiers. Le marché des assurances maritimes a déjà réagi à ces tensions : les primes d’assurance pour les navires traversant la région ont grimpé de 15 à 20 % en 2024, ce qui se répercutera inévitablement sur les coûts de transport et, in fine, sur le prix des marchandises.

Pour l’heure, la stratégie de nombreux gouvernements consiste à diversifier leurs sources d’approvisionnement énergétique. L’UE a ainsi augmenté ses investissements dans les énergies renouvelables, avec une croissance de 12 % des capacités de production éolienne et solaire en 2023. Toutefois, les énergies renouvelables ne couvraient encore que 18 % des besoins énergétiques européens cette année-là, ce qui souligne la lenteur du processus de transition. Compte tenu des investissements colossaux nécessaires pour compenser toute interruption des flux d’hydrocarbures en provenance du Moyen-Orient – estimés à plus de 1.000 milliards de dollars d’ici 2030 – cette diversification reste un défi majeur.

Les marchés suivent de près chaque évolution géopolitique dans la région, conscients qu’un simple incident pourrait bouleverser l’équilibre fragile des prix de l’énergie. Bien que les grands acteurs comme l’Iran, l’Arabie saoudite et les États-Unis aient peu d’intérêt à une escalade militaire qui compromettrait l’économie mondiale, le risque de perturbation demeure omniprésent. Pour les importateurs d’énergie, la nécessité de renforcer les réserves stratégiques et de sécuriser les approvisionnements apparaît plus que jamais comme une priorité absolue.

M.KOSI

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