La République démocratique du Congo a pris position à Séville lors de la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement en réclamant une transformation en profondeur du système financier international. Guylain Nyembo, Vice-Premier ministre chargé du Plan et du Cadre de Concertation des Donateurs, a souligné que l’Afrique ne peut rester exclue des décisions qui façonnent l’économie mondiale.
La RDC plaide pour une représentation plus équilibrée des pays en développement dans les instances financières internationales, où ils demeurent largement minoritaires malgré une croissance moyenne annuelle de 4,5 % enregistrée en Afrique subsaharienne en 2024, d’après les données récentes de la Banque africaine de développement. Ce déséquilibre institutionnel crée un décalage entre la réalité économique du continent et les politiques financières mondiales qui l’encadrent.

Guylain Nyembo a insisté sur la nécessité d’assouplir les conditions d’accès aux financements internationaux. Aujourd’hui, ces crédits sont souvent assortis de clauses rigides, conditionnant les investissements à des réformes structurelles parfois inadaptées aux spécificités nationales. Ce mode de financement freine la mise en œuvre de projets porteurs et réduit la marge de manœuvre des gouvernements.
La RDC met également en lumière l’urgence d’améliorer la coordination entre les bailleurs afin d’éviter le morcellement des interventions qui affaiblit l’impact des financements. Une meilleure harmonisation pourrait optimiser les ressources disponibles et accroître leur efficacité, d’autant que le continent africain continue de mobiliser des montants croissants pour son développement.
Autre point crucial avancé par le Vice-Premier ministre congolais : la réforme de la fiscalité internationale, en particulier la taxation des multinationales dont les activités génèrent des externalités environnementales négatives. Ce plaidoyer rejoint les appels internationaux à une fiscalité plus juste, dans un contexte où les géants du numérique et de l’industrie polluante échappent largement à l’impôt dans de nombreuses juridictions.
Dans ce cadre, Nyembo a aussi participé à un débat sur l’importance des données et du dialogue dans l’amélioration de la coopération. L’utilisation pertinente des informations statistiques permettrait d’adapter les politiques publiques et les stratégies d’aide aux réalités du terrain, garantissant ainsi une plus grande efficacité des interventions.
Ce message de la RDC reflète une volonté affirmée de peser davantage dans les mécanismes financiers mondiaux, à un moment où les discussions sur la réforme du système international connaissent une intensification, portée notamment par les pays émergents. La demande d’un partage plus équitable des décisions économiques se heurte toutefois à des résistances fortes, dans un contexte géopolitique où les équilibres financiers globaux restent largement dominés par les grandes puissances.
— M. KOSI