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Coopération RDC-Chine : un nouveau mémorandum pour relancer l’agriculture congolaise

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Un nouveau chapitre s’ouvre entre la République démocratique du Congo et la Chine dans le domaine agricole. Le ministre congolais de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Grégoire Mutshail Mutomb, a paraphé un mémorandum d’entente avec son homologue chinois, en marge de la Foire économique et commerciale Chine-Afrique tenue à Changsha, dans la province chinoise du Hunan. Ce geste diplomatique vise à structurer une coopération agricole qui peine encore à produire des résultats visibles malgré des décennies de bonnes intentions entre les deux pays.

La signature, intervenue devant les délégations officielles, donne une assise institutionnelle à l’ambition congolaise : transformer le potentiel agricole du pays en moteur économique régional. Selon les données de la Banque mondiale, la RDC dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, dont moins de 10 % sont actuellement exploitées. Ce contraste entre richesse foncière et sous-utilisation est au cœur de la stratégie de relance agricole du gouvernement congolais.

Le ministre Mutshail a affirmé que cet accord s’inscrit dans les priorités fixées par le président Félix Tshisekedi. Il a évoqué l’expérience agricole multimillénaire de la Chine comme levier pour faire de la RDC un fournisseur important de produits agricoles au niveau continental. L’objectif affiché est clair : moderniser les filières, intégrer des technologies agricoles éprouvées, et positionner les produits congolais sur les marchés internationaux.

L’accord ne se limite pas à une déclaration d’intention. Il prévoit des échanges scientifiques, des missions d’expertise et un appui direct à la production de semences, à la mécanisation agricole, à l’irrigation et à la fertilisation des sols. Pékin a aussi manifesté son intérêt pour l’importation de produits agricoles congolais. Une avancée stratégique, alors que la RDC cherche à réduire ses importations alimentaires évaluées à près de 2 milliards de dollars par an selon les statistiques douanières.

La foire de Changsha, qui a réuni 4 700 participants et attiré plus de 28 000 visiteurs, s’impose de plus en plus comme un carrefour économique sino-africain. Depuis sa première édition en 2019, elle sert de vitrine à la diplomatie commerciale de la Chine, dont les échanges avec l’Afrique ont atteint près de 282 milliards USD en 2023, d’après les données du ministère chinois du Commerce.

Pour la RDC, ce partenariat peut devenir un accélérateur si les engagements sont suivis d’une réelle mise en œuvre. La coopération annoncée doit désormais se traduire sur le terrain par des transferts de savoir-faire, des investissements concrets et une valorisation des chaînes locales de transformation. La pression est d’autant plus forte que le pays fait face à une inflation des prix alimentaires dépassant les 20 % en glissement annuel selon la BCC, en raison notamment de sa dépendance aux importations et de l’inefficacité des circuits de distribution internes.

Reste à savoir si cet accord marquera un tournant concret dans la stratégie de souveraineté alimentaire de la RDC, ou s’il s’ajoutera à la longue liste des partenariats annoncés sans impact visible sur la production ni sur le panier du ménage congolais.

— M. MASAMUNA.

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