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Le franc congolais perd 6,20 % en 2024 : une stabilité fragile face aux défis économiques

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Le franc congolais continue de naviguer dans des eaux troubles, marqué par des variations modérées sur le marché des changes. Entre la fin de 2024 et les premiers jours de 2025, la monnaie nationale a montré des signes de faiblesse, enregistrant une dépréciation de 0,39 % à l’indicatif, selon les données communiquées par la Banque centrale du Congo (BCC).

Cette évolution, bien que contenue, reflète les tensions persistantes qui pèsent sur l’économie congolaise. Au marché parallèle, la dépréciation s’est limitée à 0,16 %, illustrant une relative stabilité, mais insuffisante pour rassurer les opérateurs économiques. Ces légères fluctuations témoignent d’une pression constante sur la demande de devises étrangères, stimulée par les importations et les obligations internationales.

Les données annuelles montrent que le franc congolais a enregistré une baisse cumulée de 6,20 % à l’indicatif et de 6,29 % sur le marché parallèle en 2024. Si ces chiffres sont moins alarmants que ceux de 2023, où les baisses atteignaient respectivement 24,4 % et 20,4 %, ils traduisent néanmoins une fragilité économique persistante.

Les réserves internationales, qui s’élèvent à 5,8 milliards USD, équivalant à 13 semaines d’importations, offrent une certaine marge de manœuvre, mais leur baisse récente soulève des interrogations sur la capacité du pays à résister à de nouvelles secousses. La RDC, dépendante des exportations de matières premières, continue de subir les aléas des fluctuations des cours mondiaux, même si ces derniers ont montré une tendance haussière en fin d’année.

Derrière ces chiffres se cachent des réalités complexes. La demande en dollars reste soutenue par des importations massives, conséquence directe d’une économie tournée vers l’extérieur. L’offre locale étant insuffisante pour couvrir les besoins de consommation, le pays se retrouve prisonnier d’un modèle économique où la moindre perturbation du marché des devises a des répercussions immédiates sur le coût de la vie.

Pour tenter de contenir ces tensions, la Banque centrale du Congo mise sur des interventions ciblées et prône une rigueur budgétaire accrue. Mais ces mesures, bien qu’essentielles, ne suffiront pas sans un véritable plan de réformes structurelles. La diversification économique, souvent évoquée, reste encore un vœu pieux. Les secteurs agricoles et industriels, qui pourraient réduire la dépendance aux importations, peinent à se développer faute d’investissements et d’une vision claire.

Au-delà des décisions techniques, la situation du franc congolais est aussi un miroir des défis plus larges du pays : gouvernance, infrastructures défaillantes et climat des affaires peu attractif. Pour les ménages, ces réalités se traduisent par une inflation galopante, rendant les produits de première nécessité de plus en plus inaccessibles.

Dans ce contexte, les autorités sont confrontées à un choix difficile : continuer à gérer les crises au jour le jour ou amorcer une transformation en profondeur. La stabilité de la monnaie nationale ne peut être dissociée de la santé globale de l’économie. Pour que le franc congolais retrouve une certaine solidité, il faudra non seulement des décisions audacieuses, mais aussi un engagement durable à renforcer les piliers de l’économie congolaise.

— M. KOSI

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