Les transferts d’argent vers l’Afrique jouent un rôle vital dans les économies de nombreux pays du continent. En 2023, les envois de fonds par les Africains vivant à l’étranger ont atteint 54 milliards de dollars. Cependant, malgré leur importance croissante, ces transferts stagnent et sont entravés par des coûts élevés et des réglementations strictes.
Les transferts d’argent représentent une part non négligeable du PIB pour plusieurs pays africains. Par exemple, en Égypte, ces envois ont totalisé 28,3 milliards de dollars en 2022, soit 8,1% du PIB. Au Nigeria, le montant s’élève à 20,1 milliards de dollars, tandis que le Maroc a reçu 11,2 milliards de dollars, représentant 6,6% de son PIB. D’autres pays comme le Ghana, le Kenya, et la Tunisie bénéficient également de montants significatifs. Cependant, plusieurs obstacles freinent le potentiel économique de ces transferts. Les coûts de transfert restent élevés, avec des frais moyens de 7,4% en Afrique, atteignant parfois des chiffres à deux chiffres pour certains couloirs. Le manque d’harmonisation réglementaire entre pays africains complique la libre circulation de l’argent, chaque pays ayant ses propres exigences en matière de licences pour les entreprises de paiement. De plus, la concurrence limitée dans le secteur permet aux rares acteurs de fixer les tarifs sans transparence, rendant difficile pour les clients de comparer les offres et souvent confrontés à des frais cachés.
Les principaux opérateurs pour les transferts d’argent vers l’Afrique comprennent Western Union, MoneyGram, Ria Money Transfer, WorldRemit, Xoom, Wise, et Revolut. Ces services offrent des options de paiement et de retrait pratiques, mais les coûts restent élevés. Par exemple, pour les transferts depuis la France vers l’Afrique subsaharienne, les frais peuvent atteindre 10,92% pour le Sénégal et 12,03% pour le Mali. Bien que certains services en ligne comme WorldRemit et Wise proposent des frais plus bas, souvent entre 2% et 5%, la moyenne des coûts en Afrique demeure parmi les plus élevées au monde.
Pour diminuer les frais de transfert et stimuler les envois de fonds, plusieurs mesures sont préconisées par les experts : harmonisation réglementaire entre pays africains, ouverture à la concurrence, et adaptation des contrôles au risque réel des petits transferts. Simplifier et standardiser les réglementations permettrait une libre circulation de l’argent et une réduction des coûts de conformité. Encourager plus d’acteurs dans le secteur des transferts d’argent pourrait entraîner une baisse des tarifs grâce à une concurrence accrue. Alléger les réglementations pour les petits montants réduirait les coûts et encouragerait davantage de transferts formels.
Les transferts d’argent jouent un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté en Afrique. Ils constituent une source importante de devises étrangères et contribuent de manière significative au PIB de certains pays. Par exemple, au Zimbabwe, ces envois représentent 9,3% du PIB, et au Sénégal, 9,1%. Cependant, à l’échelle du continent, l’impact macroéconomique reste limité, les transferts d’argent ne représentant en moyenne que 2,5% du PIB en Afrique subsaharienne. Les transferts informels, souvent non comptabilisés, représentent une part importante des flux financiers vers l’Afrique, ce qui signifie que l’impact réel de ces transferts est sous-estimé. Il est donc essentiel de promouvoir des canaux formels et abordables pour maximiser les avantages économiques de ces envois de fonds.
Les transferts d’argent vers l’Afrique sont essentiels pour de nombreuses familles et économies nationales. Malgré les défis liés aux coûts élevés et aux réglementations strictes, des solutions existent pour libérer le potentiel économique de ces transferts. En améliorant la concurrence, en harmonisant les régulations et en adaptant les contrôles, l’Afrique peut maximiser les bénéfices de cette source de financement cruciale.
La Rédaction