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L’État congolais doit 6 millions USD par mois à la Regideso pour l’eau non payée

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L’entreprise publique en charge de la distribution d’eau, la Regideso, fonctionne à perte depuis plusieurs décennies. Chaque mois, les institutions publiques accumulent environ 6 millions de dollars de factures impayées, soit près de 40 % de la consommation globale facturée. L’aveu, livré par son Directeur général, David Tshilumba Mutombo, lors d’une audition à l’Assemblée nationale ce 12 juin 2025, révèle l’ampleur du déséquilibre entre services rendus et ressources perçues.

Depuis les pillages de 1991-1992, le robinet budgétaire de l’État s’est refermé, a rappelé le responsable de la Regideso. Non seulement les paiements ne suivent plus, mais les aides en intrants essentiels, comme les produits chimiques de traitement, ont également disparu. Cette dette chronique mine la capacité de l’entreprise à moderniser ses infrastructures, entretenir ses équipements, et garantir un service minimal à la population.

Le constat dressé devant les députés a déclenché une salve d’interrogations. La vétusté des installations, la mauvaise qualité de l’eau, les carences dans des zones comme Tshangu, les retards de paiement des agents affectés dans les provinces sous tension, ou encore la pollution croissante des sources par les activités minières, sont revenus dans plusieurs interventions.

Le président de la chambre basse, Vital Kamerhe, a tenté de recentrer le débat sur la responsabilité de l’État. Il a exhorté toutes les institutions, y compris la sienne, à s’acquitter de leurs obligations. Pour lui, le droit à l’eau doit cesser d’être une promesse abstraite et devenir un pilier tangible de justice sociale.

Au regard de la gravité des problématiques soulevées, le Directeur général a demandé un délai de deux jours pour répondre point par point aux préoccupations des élus. Cette mise en pause reflète l’épaisseur des défis auxquels est confrontée la Regideso, une entreprise à bout de souffle, mais essentielle à la stabilité urbaine.

Selon un rapport de l’UNESCO de 2023, moins de 40 % des Congolais en zones urbaines ont accès à une eau réellement potable, tandis que l’OMS estime que 1 dollar investi dans l’eau propre permet d’économiser jusqu’à 4 dollars en soins de santé. Ces indicateurs suffisent à rappeler que la dette accumulée par les institutions publiques envers la Regideso est bien plus qu’un passif comptable : c’est un choix politique aux conséquences sanitaires et économiques palpables.

M. MASAMUNA

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