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Huile de palme en RDC: Une production locale qui ne satisfait que 7% des besoins nationaux

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Avec une production de 29.523 tonnes d’huile de palme au cours des huit premiers mois de 2024, la République Démocratique du Congo peine encore à répondre aux exigences d’un marché local en pleine expansion. La Banque Centrale du Congo (BCC) souligne dans son dernier rapport que cette quantité, bien qu’en progression, reste largement insuffisante face à une demande intérieure de plus de 400.000 tonnes par an. Un déséquilibre persistant qui oblige le pays à importer massivement pour combler le déficit.

La production locale d’huile de palme revêt une importance stratégique pour l’économie congolaise, tant en termes de revenus que de création d’emplois. Toutefois, cette dynamique positive est ternie par la difficulté à satisfaire la consommation nationale, un enjeu clé qui mérite une attention accrue des décideurs et des acteurs économiques du secteur.

Production nationale : entre potentiel et obstacles

huile de palme

La RDC dispose d’un potentiel agricole indéniable, notamment dans la culture du palmier à huile. Malgré cela, le volume de production actuelle ne permet pas d’assurer l’autosuffisance du pays. La filière reste confrontée à des obstacles majeurs, dont l’absence d’infrastructures adaptées, l’accès limité au financement pour les petits exploitants et les fluctuations des prix sur les marchés internationaux. Ces éléments freinent considérablement la croissance du secteur, empêchant une augmentation significative de la production.

Le rapport de la BCC met également en avant la production de 12.702 tonnes d’huile de palmiste, un produit dérivé du palmier à huile. Bien que ce chiffre soit encourageant, il ne parvient pas à compenser le manque global de production d’huile de palme. Cette diversification n’efface pas les difficultés structurelles que traverse le secteur.

L’urgence d’une modernisation du secteur

Pour améliorer la situation, les investissements dans les infrastructures et la modernisation des outils de production sont plus que nécessaires. La RDC dispose d’entreprises comme les Plantations et Huileries du Congo (PHC), qui œuvrent pour accroître leur capacité de production. PHC a récemment dévoilé des plans ambitieux visant à doubler la production grâce à l’acquisition de nouvelles technologies et à l’optimisation des méthodes agricoles.

Cependant, le défi ne réside pas uniquement dans l’augmentation de la production. Il s’agit aussi de construire un modèle agricole durable et respectueux de l’environnement, capable de soutenir la croissance économique tout en préservant les écosystèmes locaux. Le pays doit s’orienter vers des pratiques agricoles innovantes et écoresponsables pour éviter les dérives environnementales, comme la déforestation.

Une volonté politique nécessaire

Le rôle des pouvoirs publics est essentiel dans la mise en place de mesures incitatives pour soutenir le développement de l’agro-industrie nationale. Il s’agit de créer un cadre réglementaire qui encourage les investissements dans la production locale tout en garantissant une exploitation durable des ressources naturelles. Le gouvernement doit aussi faciliter l’accès au financement pour les petits producteurs, moteurs essentiels du développement rural.

Le chemin vers une production d’huile de palme répondant pleinement aux besoins du marché congolais est semé d’embûches. Toutefois, avec une politique agricole plus inclusive, des investissements dans la modernisation et un engagement ferme en faveur de la durabilité, la RDC peut espérer combler son déficit de production dans les années à venir.

Peter MOYI

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