Rawbank et EquityBCDC concentrent, à elles seules, une grande partie du financement bancaire dédié aux petites et moyennes entreprises congolaises. En 2023, ces deux banques ont dépassé la barre des 250 millions de dollars chacun en encours liés aux PME, selon les chiffres consolidés de la SFI (IFC). En parallèle, les institutions de microfinance, bien qu’ayant accordé un nombre bien plus élevé de prêts, restent à la traîne en termes de volume monétaire, illustrant le double visage du crédit aux PME en RDC.
La banque EquityBCDC a confirmé son rang dans le portefeuille des crédits dédiés aux entreprises de taille intermédiaire avec une enveloppe estimée à plus de 250 millions USD. Le financement octroyé par la Société Financière Internationale (SFI) en mars 2023, à hauteur de 100 millions USD, a permis d’élargir son offre de prêts destinés aux entrepreneurs locaux. Rawbank, de son côté, a bénéficié d’un appui direct de 35 millions USD de la SFI, toujours dans l’optique de renforcer ses lignes de crédit aux PME.
Le contraste est saisissant quand on observe le classement par nombre de prêts : FINCA RDC, Advans Congo et VisionFund dominent ce tableau, grâce à leur spécialisation dans le microcrédit. À titre d’exemple, FINCA avait déjà atteint plus de 155 milliards de CDF de prêts aux PME dès 2021, avec un nombre de prêts bien supérieur à celui des banques commerciales. Le même modèle se retrouve chez Advans Congo, qui annonçait un portefeuille PME de 60 milliards de CDF en 2023, destiné principalement aux petites structures opérant dans les centres urbains.
En termes d’inclusion, les institutions de microfinance assurent une couverture territoriale large, avec une approche fondée sur des micro-montants, souvent inférieurs à 2 000 USD par prêt. À l’opposé, les banques commerciales visent des segments plus formels, avec des montants unitaires nettement plus élevés, souvent supérieurs à 50 000 USD.
Ce double classement met en lumière une réalité structurelle du système financier congolais. D’un côté, un financement bancaire fortement concentré, capté par une poignée d’établissements disposant d’une assise institutionnelle solide et d’accords de partenariat internationaux. De l’autre, une multitude de petits acteurs de la microfinance, dynamiques sur le terrain mais limités dans leur capacité de levée de fonds à grande échelle.
Les coopératives d’épargne, à l’instar de MECRECO, complètent ce paysage. Elles restent difficiles à quantifier en raison du manque de transparence sur leurs chiffres consolidés. Toutefois, elles représenteraient près de 50 % des actifs du secteur de la microfinance, selon les dernières estimations issues des rapports sectoriels.
Les tendances 2023 dessinent une concentration des volumes dans les mains de Rawbank, EquityBCDC et TMB, tandis que les acteurs comme FINCA, Advans ou VisionFund structurent l’infrastructure de masse du crédit aux petites unités. Ce déséquilibre pose une question fondamentale : la bancarisation des PME peut-elle s’étendre sans une réforme structurelle de l’accès au crédit et un renforcement du rôle des microfinances ?
— M. KOSI